Un nouvel élan pour le monument de la Porte d'Italie

De la mémoire de la présence italienne à un hommage aux migrants en général

En 2007, les paroissiens de la chapelle du quartier "Italien" desservie par les Pères scalabriniens de la Mission catholique italienne d'Esch-sur-Alzette avaient offert à la Ville de Dudelange à l'occasion du centenaire de son élection au rang de ville, le monument "Porte d'Italie". Cette oeuvre de l'artiste réputée Yvette Gastauer-Claire évoque le périple des migrants italiens qui sont venus peupler le "Quartier" à partir de la fin du XIXe siècle pour s'employer dans la sidérurgie luxembourgeoise naissante. La mise en place a été largement financée par une collecte destinée en premier lieu à l'érection d'une nouvelle chapelle au quartier "Italien", suite à la vente de la maison privée où le lieu de culte traditionnel était installé. Ce projet a finalement apparu vain, la présence italienne locale s'étiolant du fait de son insertion de la société luxembourgeoise globale. De cet fait l'idée mémorielle s'est imposée.

L'inauguration du monument a eu lieu le 28 octobre 2007. Depuis lors s'est établi la tradition de se recueillir à date anniversaire devant le mémorial, avant de rejoindre la Gare-Usines pour un échange autour d'une thématique liée à l'immigration italienne. Les débats étaient nourris par des témoignages, des présentations académiques, des projections de films. La session se terminait par un grand moment de sociabilité autour d'une agape.



© Giuliana Bottacin

Les années COVID ont quelque peu fait dérailler cette organisation bien rodée. À la sortie de l'épisode épidémique, la reprise n'était pas aisée, le poids de l'âge se faisant sentir chez les premiers promoteurs du projet. Au fil des années, l'assistance se faisait plus rare. Dans l'intention de renouveler cette dernière, l'équipe du CDMH a proposé des activités qui cependant se déroulaient loin de la Gare-Usines et du quartier "Italien", notamment des projections de films au Centre culturel régional opderschmelz. Si celles-ci ont connu un certain succès, elles ont eu pour effet pervers de détourner l'attention de l'objet premier de la manifestation. L'année passée l'assistance s'est quittée sans même que le monument ne soit évoqué et sans qu'un moment de sociabilité ne soit organisé. Un plancher était atteint et il fallait réagir.

Cette année l'heure de la cérémonie a été avancée pour faciliter la présence des anciens, démarche qui a effectivement fait revenir du monde. Après quelques mots d'accueil par le Père Antonio Simeoni de la mission catholique italienne, lecture a été donnée de l'adresse formulée par le pape François à l'occasion la journée des migrants. L'assistance s'est réunie ensuite à la Gare-Usines pour un goûter amical.

Un montage photographique réalisé par Heidi Martins, chercheure auprès du CDMH et Nicolas Graf, bénévole a permis de revenir sur l'origine et l'histoire du monument. De belles histoires, jamais racontées se sont faites jour concernant notamment le processus d'échange entre l'artiste et les paroissiens en amont de la réalisation du monument ou des souvenirs très personnels qui peuvent s'attacher à l'un ou l'autre élément de l'ensemble sculptural.

La galerie de photos a également servi de support à une réflexion sur l'évolution future de la commémoration. Il a été constaté que sans renier en rien la mémoire italienne gravée dans l'histoire du "Quartier", il convenait d'ouvrir la manifestation à toutes les migrations. À ce titre, le Père Rui Pedro, représentant la communauté portugaise et l'Abbé Vincent Karengera, en charge de la communauté africaine francophone étaient présents. Il a été arrêté que la notion d'accueil devrait avoir une place de choix dans les manifestations futures.

À ce titre, le thème de la rencontre de l'année prochaine est tout trouvé, à savoir un regard porté sur l'immigration actuelle à Dudelange. Ce sujet devrait permettre de renouer avec les instances municipales. Il a été convenu que la manifestation serait préparée bien en amont par le comité du monument et par l'équipe du CDMH.

Les anciens paroissiens souhaiteraient également qu'en 2027 le 20e anniversaire du monument serait commémoré avec un certain lustre (un colloque peut-être). À cette occasion il leur tiendrait également à cœur que le monument puisse retrouver son état premier, l'orientation d'une des sculpture ayant été tronquée lors d'une réfection du socle de l'installation.