2018-09-30
Jaurès et l’internationalisme socialiste : l'échec de l'internationalisme en 1914, était-il inévitable ?
Conférence par Gilles Candar, président de la Société d'études jauresiennes
Rendez-vous du dimanche le 30 septembre 2018, 15h
à la Gare de Dudelange-Usines.
Conférence par
Gilles Candar, historien et président de la Société d'études jauresiennes et par ailleurs avec Vincent Duclerc l'auteur d'une biographie remarquée de Jean Jaurès parue en 2014.
www.jaures.info/welcome/index.php et
journals.openedition.org/rh19/4699
La Grande Guerre de 1914-1918, son cortège de massacres et ses dramatiques conséquences, ont mis fin à la première et heureuse période du socialisme, lorsque celui-ci, riche de toutes ses promesses juvéniles, pouvait apparaître capable de surmonter aisément les grands maux de l’humanité, et au premier rang d’entre eux : la guerre. Marx et Engels avaient écrit dès 1848 : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ». Lors du congrès de l’Internationale socialiste réuni à Bâle, en novembre 1912, Jean Jaurès avait repris une citation fameuse de Schiller pour préciser quelle devait être la mission de l’Internationale : « Vivos voco, mortuos plango, fulgura frango !
Vivos voco : j’appelle les vivants pour qu’il se défendent contre le monstre qui apparaît à l’horizon. Mortuos plango : je pleure sur les morts innombrables couchés là-bas vers l’Orient et dont la puanteur arrive jusqu’à nous comme un remords. Fulgura frango : je briserai les foudres de la guerre qui menacent dans les nuées. »
© Collection de l'IISG, Amsterdam, Affiche du Congrès socialiste international à Bâle, 1912
On sait ce qu’il en fut moins de deux ans plus tard. Le monstre triompha, les morts furent partout innombrables, les foudres menaçantes n’avaient pas été brisées. Il y eut diverses lectures, politiques et militantes, de ce grand retournement. Parfois liées à celles-ci, les historiens ont aussi proposé leurs analyses. Il est sans doute possible aujourd’hui de s’entendre sur les grandes lignes d’un récit partagé, et d’expliciter les points de désaccord ou qui appellent recherches et investigations. Que voulait l’Internationale socialiste reconstituée en 1889 à Paris ? Que pouvait-elle ? Quelles étaient les stratégies en œuvre ? Que signifiaient les proclamations, motions et résolutions votées ? Quelle place particulière occupait Jaurès au sein de l’Internationale, quelle était la portée de ses propositions et activités, ses points d’appui, ses limites et ses faiblesses ? S’agit-il enfin d’une histoire close, sur une période révolue, ou est-elle toujours liée aux évolutions actuelles de nos sociétés ?
Gilles Candar (1954), président de la Société d'études jaurésiennes, coordonnateur avec Jean-Jacques Becker de l'Histoire des gauches en France (La Découverte, 204 et 2005), auteur d'une biographie sur Jean Jaurès (Fayard, 2014) avec Vincent Duclert et d'une sur Edouard Vaillant. L'invention de la gauche (Armand Colin, 2018), coordonnateur de l'édition des Oeuvres de Jean Jaurès chez Fayard (12 volumes parus sur 17 prévus).