2025-04-18 au 2025-04-27

Retour sur le Festival «A arte de ser migrante»


Lisbonne - Jardins de la Bombarda 03 au 06 avril 2025



Le Festival « L'art d'être migrant », qui s'est déroulé pendant quatre jours dans les Jardins de la Bombarda à Lisbonne, avait pour objectif de réunir des scientifiques et des artistes de Suisse, de France et du Luxembourg pour réfléchir aux dynamiques migratoires contemporaines.
Si être migrant demande beaucoup d'ingéniosité et d'art pour surmonter toutes les difficultés qu'impliquent la mobilité et l'installation dans un pays autre que celui où l'on est né, il est vrai aussi que c'est à travers l'art que se construisent les plus belles représentations de cette mobilité.

Le festival « l'art d'être migrant », qui s'est tenu à Lisbonne a été conçu et organisé par Liliana Azevedo et Amandine Desille, chercheuses en sociologie de la migration. Elles ont réussi à réunir des scientifiques et des artistes pour lesquels les thématiques migratoires sont au cœur de leurs parcours professionnels et familiaux.





© Heidi Rodrigues Martins 2025

Les personnes impliquées dans les tables rondes étaient très diverses en termes d'origine, de pays d'accueil, de tranche d'âge et d'activités. Chercheurs, journalistes, cinéastes, photographes et écrivains étaient présents, créant ainsi un environnement intergénérationnel et pluridisciplinaire.

Au cours des débats, nous avons réfléchi au passé, à l'histoire des migrations portugaises vers l'Europe, en mettant l'accent sur les mouvements qui ont eu lieu dans les années 60 et 70 vers la France. le Luxembourg et la Suisse. Le regard de l'autre, l'image subjective et stéréotypée plaquée sur des hommes et des femmes qui ont franchi les frontières et parfois leurs propres limites intérieures pour arriver ici aujourd'hui en tant que narrateurs de leur histoire ou en tant que personnages des créations artistiques de leurs enfants et petits-enfants. Et sur l'avenir, sur les défis posés par la mondialisation, la croissance et la présence des réseaux sociaux, les nouveaux récits de migrants.

Et c'est dans ces créations artistiques, sous leur forme littéraire ou cinématographique, photographique ou artisanale, que l'histoire est racontée. Dans le film du cinéaste Christophe Fonseca « Au-delà du silence » bomdia.lu/tag/christophe-fonseca/ ou celui de Melanie Pereira « As Melusinas à margem do rio » www.contacto.lu/cultura/filme-da-luso-luxemburguesa-melanie-pereira-nomeado-para-o-doc-alliance/12476524.html, dans les livres de Charlotte Frossard « Sur le pont » charlottefrossard.ch/ , dans la bande dessinée de Madeleine Pereira « Borboleta » www.babelio.com/livres/Pereira-Borboleta/1595101, dans les photographies de Pedro Rodrigues www.pedrorodrigues.ch/ ou dans les reportages de la journaliste Ana Teresa Pereira livro.dglab.gov.pt/sites/DGLB/Portugues/autores/Paginas/PesquisaAutores1.aspx?AutorId=8511.

La sociologue Heidi Martins a animé un « atelier de broderie », une idée très originale qui a permis à tous les participants de broder le mot qui leur avait le plus parlé de leur parcours migratoire.

Des journées intenses de travail, d'émotions, de partage, de connaissances scientifiques, artistiques et humaines. « Nous avons été très heureux de pouvoir poser et ouvrir nos valises » écrit Heidi Martins, qui ajoute « la richesse réside vraiment dans le dialogue entre de multiples disciplines, formes d'expression et expériences ».

La cinéaste Mélanie Pereira a fait le chemin inverse de celui de ses parents, troquant le Luxembourg pour le Portugal. A propos de son passage à ce festival, elle écrit : « Nous avons beaucoup parlé des choses qui se sont passées et je me suis rendu compte que pour la première fois, j'ai trouvé non seulement un espace de partage et de compréhension viscérale d'une expérience toujours personnelle, mais surtout peu discutée ».

De ce festival est restée la conviction qu'il est si important de donner une voix aux silences, aux dits et aux non-dits du processus migratoire dans ce qu'il a de plus privé et humain. De regarder la vie quotidienne des migrants, de raconter leurs histoires personnelles et collectives. Avant tout, raconter et être raconté. Et d'ouvrir les portes du monde académique et d'étendre le débat à tous les domaines avec tous les acteurs impliqués, comme l'ont si bien fait Liliana Azevedo et Amandine Desille.

São Gonçalves