2021-05-16
La ville les yeux ouverts
Migratour sur les traces du sculpteur italien Duilio Donzelli à Esch-sur-Alzette
Devant le succès de l'initiative Donzelli, les organisateurs de la balade proposent pour cette saison, une cinquième et dernière sortie sur les traces eschoises du sculpteur italien.
Dimanche, le 16 mai à 15 heures. Rendez-vous auprès de l'entrée principale du cimetière Saint Joseph.
Participation libre et gratuite sur inscription auprès du secrétariat des
Amitiés italo-luxembourgeoises d'Esch-sur-Alzette:
Marie-Thérèse Feltgen tél. 58 66 60 – fax 58 89 31 (responsable de la liste d’inscription) ou
Collection du CDMH, Carte postale réalisée à l'occasion de l'attribution en 1991 d'une série de timbres postaux à l’œuvre de Duilio Donzelli. Le mascaron représenté est niché sous le balcon de la maison 5, rue St. Vincent à Esch/Alzette.
L'artiste est né à Fossombrone dans les Marches en 1882, d'un père cordonnier. La famille tient une modeste boutique. Après avoir appris sur le tas avec des patrons artisans l'art de tailler la pierre et de réaliser des fresques, il réussit à s'inscrire à l'Académie des Beaux Arts d'Urbino en 1902, qu'il quitte en 1907, porteur d'une formation multidisciplinaire avec la qualification de professeur d'enseignement artistique. Tôt engagé dans les mouvements sociaux - il est inscrit en 1904 en tant qu'anarchiste au Casellario politico centrale - il éprouve des difficultés à trouver un emploi à sa mesure. D'où le projet d'émigration.
Duilio Donzelli arrive à Esch sur Alzette en 1912 en compagnie de son épouse Jenny Marchi, une institutrice diplômée de l'enseignement public italien s'exprimant parfaitement en français et de trois enfants Rosine (1907 Cagli), Italo dit Pierre (1908 Fossombrone), Dante (1909 Cattolica). A Esch s'ajouteront Mario (1915) et Dora (1918), Duilio Donzelli exerce ses talents notamment dans le cadre du développement urbanistique de la Métropole du Fer. L'itinéraire permettra de découvrir les multiples traces de son savoir-faire subsistant dans l'espace public.
Donzelli reste un homme engagé, l'émergence du communisme (1921), l'installation du fascisme en Italie (1922) l'amènent à prendre position. Ses opinions lui valent l'inimitié d'une partie des notables de la communauté italienne d'Esch-sur-Alzette, qui avec l'appui de ses relations luxembourgeoises réussit à faire expulser ce père de famille nombreuse en le présentant comme un individu dangereux et violent. L'opération éclair prend au dépourvu les personnalités de premier plan prêtes à plaider la cause de l'artiste, dont notamment les époux Mayrisch et plusieurs architectes renommés. Donzelli trouve refuge à Lacroix (Meuse) où il sera ultérieurement rejoint par sa famille (1925). Réhabilité en 1927, l'artiste choisit de ne pas retourner au Luxembourg, par fierté, mais aussi parce qu'il a trouvé en Lorraine le moyen d'exprimer la plénitude de son art. Dans le cadre de la reconstruction d'après la Grande guerre, il est chargé notamment de la mise en peinture de nombreuses églises et réalise divers monuments aux morts. Le département de la Meuse a reconnu en 2019 l'importance de son œuvre en lui consacrant un itinéraire culturel spécifique
www.sitlor.fr/photos/818/818001856_d1.pdf
Au printemps 1940 Duilio Donzelli et sa famille se remettent en marche pour fuir l'assaillant nazi. Ils s'établissent à Valence dans la Drôme, en zone libre où commence une nouvelle période d'activité de l'artiste
www.masdubarret.com/?p=220. Il y travaillera souvent en compagnie de son fils Dante, également peintre et sculpteur, qui reviendra cependant se réinstaller à Saint-Mihiel en Meuse et dont le témoignage a permis de redécouvrir l'œuvre de Duilio. Localement cette résurrection doit beaucoup, sinon tout, à la persévérance de la professeure-photographe Nelly Moia, dont les publications ont médiatisé l'art de Donzelli auprès d' un large public. Les Amitiés italo-luxembourgeoises d'Esch ont organisé dès le 1er mai - date symbolique - 1987 une première excursion à la découverte de l’œuvre lorraine de Donzelli. La même année "Uelzechtkanal" la chaîne de télévision estudiantine d'Esch/Alzette lui a consacré un reportage. En 1991 enfin,les Postes luxembourgeoises ont consacré dans le cadre de la série "architecture", trois timbres à des mascarons eschois du sculpteur, dont l'un porte les traits de son épouse.