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L’exploration du rôle de l’art photographique dont le potentiel documentaire et artistique semble avoir été reconnu précocement à Dudelange offre en la matière une piste particulièrement fructueuse. Dès la Belle Epoque des réseaux de pratique et de promotion de la photographie se développent dans le sillage des activités de l’ARBED. La circulation des personnes induite par l'emploi industriel offre un marché  potentiel aux photographes, ce qui incite des esprits audacieux à se lancer dans l’aventure d’un studio photographique. Umberto Cappelari, un immigré italien pratiquant au quartier Italie dès les années 1910 en constitue un représentant type.

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Dans l’entre-deux guerres, les productions d’Eugène Legendre (1901-1969) et des autres membres du photo-club amateur local sont accueillies positivement lors des éditions du Salon National d’Art Photographique. Lors de la 4e édition de cette manifestation (1938), l’échevin dudelangeois Joseph Petit souligne la noble visée de la pratique photographique, son intérêt pédagogique, artistique, scientifique, de même que l’attachement au territoire, qu’elle exprime. Les autorités de la ville achètent vingt photos primées comme support éducatif pour les écoles.

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Plus généralement, la photographie à Dudelange s’inscrit en parallèle à l’action syndicale et politique. Les milieux socialistes locaux favorisent dès 1927, les actions du mouvement d’éducation ouvrière Genossenschaft für Mußearbeit und Sozialpolitik (GEMUSO), Centrale d’Education Ouvrière (Cédou) à partir de 1948. De nombreux Dudelangeois, ayant un loisir artistique, participent aux expositions de cette organisation, notamment celle de 1946. La qualité des œuvres présentées par le club de photographie amateur y est une nouvelle fois souligné. Jean Fohrmann, futur bourgmestre de la ville de Dudelange (1946-1965), s’engage pour le syndicat CGT au sein du conseil d’administration de la Cédou. En 1951, la municipalité finance le numéro spécial des Cahiers Luxembourgeois, Dudelange Notre Forge du Sud, réalisé par le graphiste et photographe de renom Raymon Mehlen (1914-1983). La publication fait la part belle à la photographie. De nombreux tirages artistiques de la Schmelz signés du  Graphic Studio de Mehlen illustrent le volume. L’ouvrage introduit également des œuvres de photographes amateurs dudelangeois. Les Cahiers Luxembourgeois ont lancé à cette occasion un concours photographique, remporté par Jean-Pierre Conrardy (1918-2000) pour sa représentation d’un haut-fourneau vertigineux sur le site dudelangeois de l’ARBED.